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LA FEMME SÉPARÉE

que tu n’iras jamais chez Mme de Kossow sans ma permission, lorsque je n’y serai pas, et que tu n’essayeras d’aucune manière de te rapprocher d’elle.

— Je le jure !

Blotnizki pirouetta sur ses talons, tandis que son ami prêtait serment. Mezischewski fondit en larmes. Il pleurait de reconnaissance, cette fois.

Julian était dégoûté par tant d’abjection et d’hypocrisie. Il sortit.

Mezischewski vint chez moi le soir même. Il me tendit la main, s’établit très loin de moi, parla peu, soupira beaucoup et détourna à plusieurs reprises brusquement la tête lorsqu’il avait réussi à répandre quelques larmes. Vous n’ignorez pas comment les Polonais ont la larme facile. Mezischewski, lui, avait acquis un talent vraiment remarquable ; il pleurait à merveille.

J’avais été rappelée au sentiment de mon devoir par Julian, dont le caractère énergique et noble m’étonnait. Il était tout changé à mon égard, maintenant. Il se montrait prévenant et tendre. Il faisait tout pour me procurer de l’argent, pour me faire plaisir, pour m’égayer.

Nos rapports, psychologiquement parlant, étaient fort curieux. Franchement, ce n’était plus l’amour qui nous liait, c’était la haine. Une haine qui nous excitait d’une façon si délirante qu’elle transformait