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LA FEMME SÉPARÉE

Et pensez donc ! Je fus si touchée, à la réception d’une lettre qu’il m’écrivit pour les fêtes de Noël, et dont l’écriture était presque entièrement effacée par les larmes, que je priai Julian, après lui avoir décrit l’état désespéré du Polonais, de permettre à Mezischewski de venir me voir, quand il serait là, lui, Julian. Mon Dieu, n’est-ce pas, le pauvre être n’en demandait pas davantage. Et Julian, dont la générosité allait jusqu’au sublime, consentit à ce que je lui demandais, et alla jusqu’à se rendre lui-même chez Mezischewski.

Celui-ci était en chemise, à la fenêtre, où il fumait un cigare. Julian, de son œil perçant, le vit de loin. Il disparut tout à coup, et lorsque Julian entra dans sa chambre avec Blotnizki et le comte Henryk, il trouva Mezischewski au lit, couvert jusqu’au nez, et pleurant à chaudes larmes.

Mme de Kossow m’a montré ta lettre, commença Julian. Elle m’a prié de t’autoriser à la voir de temps en temps. Malgré ta conduite ignoble, j’ai pitié de toi, mais je n’ai pas confiance. Je te permets de revenir la voir, mais seulement lorsque je serai présent. Par conséquent, tu vas me jurer…

— Parole d’honneur !

— Allons donc ! En échange de ta parole, un juif ne te prêterait pas de vieilles bottes. Non. Tu vas jurer, en présence de ces messieurs, mes témoins,