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LA FEMME SÉPARÉE

vivacité qui fit partir Katinka d’un éclat de rire. Vous la connaissez donc ?

— Eh bien ! qu’y a-t-il d’extraordinaire ?

— Savez-vous que je n’ai vu cette femme qu’un instant, une seconde à peine, et que je brûle d’envie de la connaître ?

— Alors vous êtes amoureux d’elle ? dit Katinka en pinçant les lèvres ; je le lui dirai. Rien ne l’amuse autant que de savoir quelqu’un amoureux d’elle.

— Vraiment ? et est-elle, comme on le dit, une sorte de vampire ?

— C’est selon comme vous l’entendez.

— Parlez-moi d’elle, je vous en conjure.

— Il m’est difficile de vous la décrire, repartit Katinka en flattant de la main la croupe de son cheval qui tournoyait sur lui-même. Apprenez à la connaître !

— La voyez-vous souvent ? demandai-je avec une vive impatience.

— Nous sommes au mieux, s’écria Katinka étourdiment, les extrêmes se rencontrent.

— Et comment êtes-vous des extrêmes ?

— Bravo ! On voit tout de suite que votre père était commissaire de police. Mais vous allez être puni. Je vous répondrai aussi indirectement. Je vais vous développer mes principes. Devinez ensuite comment est Mme de Kossow.