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LA FEMME SÉPARÉE

— Oui ; mais si vraiment tu l’aimes encore, recommença Mezischewski, pourquoi des scènes, toujours des scènes ? Je mettrais une fin…

— C’est impossible ! s’écria Julian.

— Pourquoi ?

— Parce que — je ne puis pas tout te dire, répondit Julian, — il est vrai que je ne l’aime plus comme autrefois — mais… des devoirs me rattachent à elle… et elle…

— Elle… hypocrite comme un chat, dit Mezischewski.

— Premièrement, les chats ne sont pas hypocrites, repartit Julian. Elle est bien un peu coquette, un peu faible, mais profondément honnête.

Mezischewski le prit par le bras familièrement.

— Puis-je te donner un conseil, moi, ton meilleur ami ?

— C’est… ?

— Quitte-la. Je ne t’en dirai pas plus.

— Mais je ne le puis, même si je le voulais, s’il s’agissait de mon bonheur, dit Julian d’une voix sourde. Je serais un coquin.

— Ah ! oui… dit le Polonais en pâlissant, c’est une Mme de Pompadour… ta maîtresse.

— Ne répète pas ce mot ! s’écria Julian fort irrité. Du reste, je te le dis une fois pour toutes : je ne la quitterai pas. Allons chez elle, maintenant.