Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
LA FEMME SÉPARÉE

de son ami, en qualité de docteur et de garde malade, car

De même qu’Achille et Patrocle,
David et son Jonathan,
Les deux Polonais s’aimaient.

Mezischewski était assis près d’une petite table boiteuse, occupé à rouler des cigarettes. Lorsque nous entrâmes, il se leva et me regarda de la tête aux pieds, fort surpris. Et moi, bien qu’il n’eût absolument rien dans son extérieur qui fût digne d’intérêt, je me pris à le trouver intéressant, j’ignore pourquoi.

Peut-être parce que, à partir du premier instant, il me regarda avec un respect mêlé d’effronterie, et parce qu’il me dit ensuite toutes sortes de jolies choses d’une voix douce. Je goûtai avidement ses flatteries, comme un enfant qui a été longtemps à jeun de friandises, et, par ma coquetterie, je lui fis presque des avances. Inutile d’ajouter que tout cela se passait derrière le dos de Julian, qui, lui, s’était assis près du lit du malade. Nos regards en disaient plus encore que nos paroles. Allez ! quand je me rappelle que ce misérable individu a pu me plaire un seul instant, je rougis de honte.

Imaginez-vous un méchant petit homme aux traits vulgaires, aux yeux faux, au nez rouge à demi