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LA FEMME SÉPARÉE

faire figure dans le grand monde, à recueillir partout des hommages, et cette vie… tenez… je me faisais l’effet d’une lionne captive.

Personne ne venait me voir, en dehors de la famille Barwizki. Et encore, ces braves gens n’étaient-ils attirés que par mes toilettes éblouissantes et mes fourrures de prix, persuadés que j’avais une grande fortune. Ils ne soupçonnaient pas que Julian travaillait jour et nuit pour gagner ma vie. Aussi me montaient-ils, contre lui, de toutes les façons imaginables.

— Mais c’est qu’il n’est même pas beau du tout, me disait constamment Wally Barwizka, et vous, songez donc… une beauté célèbre. Ah ! quand je pense aux partis que vous pourriez avoir ! Des ducs, des archevêques, oui, et jusqu’à des princes ! Vous pourriez avoir des équipages de quatre chevaux, vous pourriez régner sur toute une contrée !

Ces conseils, vous comprenez, ne laissaient pas que de porter leurs fruits !

Notre passion se raviva un moment avec une nouvelle force, semblable à une flamme qui va s’éteindre ; ce fut le soir où la comédie de Julian fut jouée pour la première fois ; le rôle principal était tenu par un artiste en renom. Le succès fut immense. L’enthousiasme s’accrut à chaque acte. Quand Julian parut sur la scène, on l’ensevelit sous des couron-