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LA FEMME SÉPARÉE

Et aussitôt qu’on lui en disait le prix, il s’écriait :

— Voulez-vous vous moquer de moi ?

Et si Julian continuait à parlementer sans s’inquiéter de ses gémissements, il disait :

— Jouez-vous la comédie avec moi ? Ou bien préférez-vous dans ce marché jouer à colin-maillard ? Dans ce cas, bandez-moi les yeux avec un foulard.

Il finissait régulièrement par se fâcher et par s’éloigner très en colère, pour revenir un instant après. Et, lorsqu’il se décidait à payer, il secouait la tête en murmurant :

— Tenez, prenez, puisque vous avez la barbarie d’écorcher jusqu’aux os le pauvre Schappsl.

Tout en se livrant à mille petites spéculations de ce genre, Julian travaillait ferme pour subvenir à notre entretien. Il écrivit un long roman-feuilleton qui parut dans un journal politique, puis il écrivit une comédie. Il ne venait me voir que le soir ; souvent il était très fatigué, presque anéanti. Il ne restait que peu de temps auprès de moi, il retournait travailler, écrire, et passait la nuit ; il se rendait malade plutôt que de négliger son devoir un seul instant.

Mon égoïsme ne s’en contentait guère, vous comprenez. Je trouvais qu’il me laissait trop seule, j’étais de mauvaise humeur ; je le recevais avec aigreur lorsqu’il s’échappait pour m’embrasser. L’été