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LA FEMME SÉPARÉE

res, quelles étaient les conditions que je lui posais.

Mon père exigea une séparation en bonne forme, mais sans l’intervention du tribunal, une rente annuelle pour subvenir à mes besoins, enfin le retour de mes enfants. Mon mari accepta les deux premières conditions sans hésiter, mais il se refusa obstinément à me rendre mes enfants. Il savait, le misérable, que c’était ce qui pouvait m’affecter le plus. Mon père sortit et vint auprès de moi. Julian était arrivé. J’exigeai que Kossow me rendît mes petites filles. Julian me supplia de ne pas accepter une obole de mon mari. Il voulait travailler pour moi, gagner ma vie lui-même.

— Mais, s’écria mon père, il ne s’agit pas d’une aumône. Ce que je réclame de Kossow, ce sont les intérêts de la fortune d’Anna qu’il a dissipée dans de folles spéculations.

— C’est possible, s’écria Julian. Mais elle doit se montrer généreuse, désintéressée dans ce cas-là. Regarde-moi comme ton esclave, chère Anna, comme ta bête de somme, ta machine ; prends mon sang, mais n’accepte pas un sou de cette brute.

Kossow se refusant absolument à me rendre les enfants, je renonçai à elles, et je ne songeai plus qu’à les soustraire à l’influence de sa maîtresse.

Il fut donc décidé que mes petites filles resteraient