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LA FEMME SÉPARÉE

Pas une pensée, pas une observation juste, pas une réflexion ou la moindre trace de noblesse ou de grandeur. Non. Rien que l’ordure, la bassesse et la bêtise.

Et cet homme, c’était le père de mes enfants !

Je rougissais de honte, je vous assure, tout en me réjouissant de ma vengeance. C’est que tout y était, dans ce manuscrit, les descriptions de toutes ses maîtresses, avant et après son mariage, leurs orgies. Cela était décrit sans esprit, sans poésie aucune, la saleté seule y était reproduite avec mille détails repoussants.

— Vous ne me croyez pas, peut-être ?

Mme de Kossow me tendit le manuscrit. Je l’ouvris et le feuilletai au hasard. Mon regard s’arrêta sur un passage qui m’étonna, moi aussi. Je n’aurais jamais cru qu’un homme pût s’abaisser à ce point et confier au papier des secrets aussi honteux. Je refermai le livre et le rendis à mon interlocutrice.

— Quelle différence entre le merveilleux caractère antique et simple de Julian et toute cette bassesse ! s’écria Mme de Kossow. Mais je perds le fil de mon récit.

Quand j’eus terminé ma lecture, je remis le journal où je l’avais pris, je refermai le pupitre et je courus chez Julian. Par bonheur j’y rencontrai Turkul. Nous délibérâmes. Les dernières pages du