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LA FEMME SÉPARÉE

J’en étais arrivé à cette strophe :

De nouveau, mon cœur s’embrase et palpite,
Parce qu’il lui est impossible de ne pas aimer.

lorsque tout à coup, derrière moi, les branches s’écartèrent brusquement, avec bruit, comme pour donner passage à quelque animal sauvage.

Et comme je sautais sur pieds, soudain, une femme se dressa à mes côtés, jeune, étrange, svelte, avec un beau visage à demi-voilé de boucles noires ; elle s’arrêta court, mais ses yeux me lancèrent un regard menaçant, surnaturel ; des étincelles jaunes y brillaient comme dans des yeux de louve.

Mon cœur cessa de battre. Mon sang se figea dans mes veines. L’apparition ne dura qu’un instant, elle s’évanouit comme un météore qui nous éblouit, et qui s’efface avant que nous ayons pu l’examiner. Les rameaux se rapprochèrent avec un sifflement aigu.

Je restai un instant immobile et comme étourdi. La légende de la Letawiza bourdonna à mes oreilles. Ce qui me rassura, c’est que cette femme étrange n’avait pas de chevelure dorée. Une puissance invisible, aussi étonnante que l’apparition, me força à la suivre et à me mettre à sa recherche.

Je me jetai dans le fourré, trop tard, hélas ! Je