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LA FEMME SÉPARÉE

signe, et va dans la chambre à côté. Qu’a-t-elle, bon Dieu ? Il fait chaud dehors, et lourd comme aux approches d’un tremblement de terre. Le vent brûle, des nuages s’amassent. Je suis agité et tout en sueur ; je respire à peine. »

— Ah ! et que notre ermitage était charmant ! s’écria Mme de Kossow en couvrant de sa main blanche les pages du livre. Il y avait deux chambres : la première, tendue de moelleux tapis, ornée de glaces et de tableaux, renfermait un superbe divan et de ravissants fauteuils bas groupés autour d’une table ronde. Des corbeilles de fleurs, disposées partout, donnaient à ce salon l’air d’un jardin d’hiver. De larges feuilles de palmier étendaient leurs côtes vertes au-dessus du divan et formaient un immense baldaquin. Au milieu d’un massif de roses se dressait la Vénus de Milo.

La chambre voisine, qui n’était séparée de la première que par un rideau, me servait de garde-robe ; là aussi, il y avait des tapis, des tableaux, des fleurs, une massive psyché, une table de toilette couverte de tous les bibelots d’une femme élégante.

— Mais lisez plus loin — ici.

Je repris ma lecture dans le journal :

« Le lourd rideau se referme sur elle. Me voilà seul. Des sensations étranges soulèvent ma poitrine, celles d’un lion qui a soif de dévorer une gazelle, et