Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
LA FEMME SÉPARÉE

nous n’avions plus à craindre d’autres regards curieux que ceux d’un pic, tout au plus, qui sautillait aplati contre le tronc d’un arbre, nous mettions nos chevaux au pas, et il passait son bras autour de ma taille. Je me mis aussi à fumer, pour lui faire plaisir, à tirer à la cible, et même je lui demandai de m’apprendre à faire des armes lorsque nous serions à Lemberg. Comme vous le voyez, j’approchais rapidement de mon but. Toutefois, Wanda était loin d’être complète : il faisait trop chaud pour que je me vêtisse de fourrures.

Mon pauvre ami nageait dans une mer d’enthousiasme. Lui qui avait craint le monde autrefois, qui, en société, se conduisait gauchement, qui fuyait la foule, était devenu le héros de notre ville d’eaux. C’était lui qui organisait les soirées, les excursions, les petites représentations théâtrales, les danses en plein air. Tout le monde, surtout les femmes, en était ravi, et il n’y avait rien d’étonnant, l’homme le plus spirituel de la société étant à la fois le plus aimable et le plus gai.

Deux dames, surtout, l’épouse du général comte Mnicheck, une femme un peu mûre, mais belle encore et intéressante, et une juive polonaise de Cracovie, la plus belle personne après moi, firent de vains efforts pour le rendre amoureux d’elles.

Il venait, au milieu du tourbillon des plaisirs où