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L’AMOUR CRUEL

sionnée tendresse, jeta ses bras autour du cou du jeune homme, et leurs lèvres s’unirent en un interminable baiser.

— Que Dieu te protège, Rachel, dit le jeune homme.

— Et toi, Lorenzo, répliqua la jeune fille, qui disparut.

Le père de Rachel était assis dans une petite chambre au plafond voûté, occupé à poser des pièces d’or sur une minuscule balance, afin de vérifier si l’un ou l’autre de ses coreligionnaires, dans un excès de zèle, ne les avait pas circoncises. Quand Lorenzo parut, le vieux Juif supposa que le jeune homme était en quête d’argent, et se leva, empressé, pour lui offrir un siège.

— En quoi puis-je vous servir, Excellence ? demanda-t-il d’un ton doucereux et nasillard.

— Je veux vous parler franc et sans détour, commença Lorenzo, et je vous prie de me répondre de même.

— Selon mon pouvoir, gémit le banquier, mais les temps sont durs et l’argent se fait rare.