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L’AMOUR CRUEL

vêtements brodés d’or et son caftan de damas orné des plus nobles fourrures, un diadème de rubis et de diamants couronnant sa sombre chevelure.

Il n’osa pas la saluer, mais leurs yeux se remplirent de toute l’éloquence interdite à leurs lèvres. En passant, il la frôla et lui glissa un billet dans la main. La belle enfant le remercia d’un sourire, et le jeune homme sentit s’arrêter un moment les battements tumultueux de son cœur.

Rentrée au Ghetto, la Juive se hâta de déchiffrer le billet, à la lueur rougeâtre de la lampe sainte.

Le message était ainsi conçu :

« Je t’aime, belle Juive. Si tes intentions sont aussi loyales que les miennes, j’irai te demander pour femme à ton père. Au cas où tu approuves mon projet, trouves-toi demain, après la grand’messe, dans la cathédrale.

« Lorenzo Altoviti. »

La jeune fille lut et relut le billet, puis le glissa sous sa pelisse et sous les rangs de perles que soulevait son sein virginal.

Le lendemain, après la messe, Lorenzo épiait,