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LA CZARINE NOIRE

blanche vida sa coupe en l’honneur de Narda, et en jeta la lie au plafond.

Des milliers de voix joyeuses répétèrent l’hommage.

Narda se retourna et, apercevant Wladimir :

— Tu es encore là ?

Wladimir s’inclina.

— Donne-moi à boire.

Elle lui tendit la coupe. Il l’emplit et voulut s’éloigner.

— Reste.

Et elle lui jeta un regard si étrange qu’il en eut le frisson.

— Tu as peur, lui dit-elle d’un ton enjoué.

— Non.

— Tu mens, tu trembles de tout ton corps.

— Tu as peur, répéta-t-elle, colère.

— Oui, j’ai peur de toi.

— À la bonne heure ! Ainsi tu me plais.

Et elle se remit à rire, en montrant ses dents, blanches. Puis elle secoua la tête, siffla tout bas devant elle et entr’ouvrit sa tunique.

— J’ai chaud. Prends garde à toi, esclave ! Je te ferai fouetter à ta première maladresse.

Le czar pâlit et se mordit les lèvres.