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L’AMOUR CRUEL

— Que désire ma souveraine ?

— Dresse la table.

Wladimir sortit et reparut portant un guéridon en ivoire qu’il posa devant sa maîtresse et recouvrit d’une nappe byzantine.

Il posa dessus un plat d’argent, puis alla chercher les mets qu’il présenta à genoux. Il versa de même le vin dans la coupe.

Tandis qu’en bas, la fête dégénérait en bacchanale, Narda pétillait de malice.

Elle pétrissait avec ses doigts des boulettes de pain et les lançait à Wladimir.

Quand il apportait le plateau, elle demandait du vin ; lorsqu’il remplissait la coupe, elle commandait des fruits, et riait si le czar, prévenant son caprice, exécutait ses ordres plus vite qu’elle ne les donnait.

— Baise ma main, dit-elle.

Le czar, un genou à terre, porta la petite main à ses lèvres.

Mais Narda le repoussa du pied.

— Va-t-en, tu m’ennuies.

Elle appuya son bras sur la balustrade et regarda.

À la table du festin, un vieux boyard à barbe