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L’AMOUR CRUEL

convie tous à un grand festin dans la salle des fêtes de notre résidence, comme mes amis et compagnons.

« Mais, malheur à quiconque enfreindra mes ordres !

« J’exige l’obéissance, la soumission complète, irréfléchie…

« Que personne n’oublie que sa tête est un objet inutile dans ma maison et que je puis abattre, si tel est mon bon plaisir. »

Menaçante, elle regardait l’assemblée, qui s’inclina en silence. Le czar considérait avec une admiration étonnée l’enivrante et étrange femme.

D’un geste plein de condescendance, elle congédia les courtisans, qui avancèrent l’un après l’autre jusqu’au pied du trône ; et, chacun, tirant son épée du fourreau, la déposa à ses pieds.

Quand tous eurent passé, Narda s’approcha du czar perdu en contemplation devant elle, et tirant le poignard de sa ceinture, le jeta sur les autres armes.

Puis, elle quitta la salle.

Le czar avait fait un mouvement pour la suivre ; sur un signe d’elle il s’arrêta.

Les esclaves femmes occupaient une autre aile