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L’AMOUR CRUEL

— Je suis à toi pour toujours, dit-il avec passion. Fais de moi ce que tu veux.

— Tu mens, cria Narda en se redressant, frémissante de colère.

— Je ne mens point.

— Je puis faire de toi ce que je veux ?

Appuyée sur l’un de ses bras, elle le regarda. Il y avait quelque chose de surhumain, d’incompréhensible dans l’expression de son visage. Son regard faisait mal.

— Fais de moi ce que tu veux, répéta le czar.

— Jure-le, commanda-t-elle d’une voix sifflante.

Un rire sardonique contractait ses lèvres.

— Par Dieu ! par mon honneur ! répondit le czar d’un ton solennel.

Un frisson le saisit.

D’un mouvement impétueux et sauvage, la belle esclave s’empara de sa main.

— Et si je te prends au mot ?

— Prends-moi au mot.

Il était perdu.

Une expression de ruse serpenta le long des lèvres de la femme.

— Je fais de toi ce que je veux, reprit-elle en l’épiant du regard. Souviens-toi de ta parole, Czar