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SABBATHAI ZEWY

Mais, si tu crois qu’elles peuvent te tuer, tu es libre de devenir musulman et d’être mon esclave sur qui je poserai le pied.

Le trucheman conseilla tout bas Sabbathai :

— Deviens musulman ou tu es un homme mort.

Alors Sabbathai, jetant sa toque juive et prenant le turban d’un des pages du sultan, le posa sur sa tête. Puis il se prosterna devant le souverain musulman qui, triomphant, posa le pied sur sa nuque.

— Ne t’avais-je point dit que tu serais aujourd’hui même mon esclave, ô Messie des Juifs ? railla-t-il. Mais tu es un homme sage et pieux, j’honore des esprits comme le tien.

Le sultan fit un signe. On apporta une pelisse d’honneur dont on revêtit Sabbathai ; puis une porte s’ouvrit, et Miriam parut et reçut de même la pelisse verte ornée de zibeline, que les cadines, femmes élues par le sultan, avaient le droit de porter.

En même temps, Sabbathai reçut le nom de Mehmed Effendi avec le titre de Capiachi Bacha (chambellan de l’empereur) ; sa femme, l’ancienne fille publique, était élevée au rang de Fatime Cadine.