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SABBATHAI ZEWY

Sabbathai mit ses vêtements et suivit sa femme. La voyant habillée de tissus précieux, il demanda :

— Dans quel but t’es-tu ainsi parée ?

— Le Seigneur me l’a ordonné.

Ce tut un étrange spectacle que de voir les janissaires qui gardaient la maison reculer devant Miriam, comme devant une apparition céleste, la laissant sortir librement, ainsi que son mari.

— Femme, tu fais des miracles ! s’écria Sabbathai stupéfait.

— C’est l’esprit du Seigneur qui les accomplit, répondit Miriam avec une dignité sereine, mais tu vas voir d’autres effets encore de la puissance qu’il m’a donnée.

Et ce fut non moins étrange de voir s’avancer dans la nuit, la belle et majestueuse femme, son corps merveilleux enveloppé d’étoffes soyeuses et de fourrures de prix, ses cheveux de flamme scintillant de perles et de diamants, et son visage entouré de voiles au travers desquels luisait le feu sombre de son regard ; et l’homme, beau comme un séraphin, qui la suivait docile comme un agneau.

À l’endroit où les trois fleuves, Arda, Tuntcha et Narisso, se rejoignent, Miriam s’arrêta et dit :