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L’AMOUR CRUEL.

de ses disciples. Elle résolut de le traiter tout différemment. Aussi, lorsque la nuit de leurs noces, il voulut l’approcher, ce fut elle qui lui dit d’un ton de commandement :

— Ne me touche pas, Sabbathai Zewy, car tu es le sauveur d’Israël. Le Seigneur m’a donnée à toi pour que je sois une épine dans ta chair et un incessant tourment pour tes sens.

— Qui t’a révélé ces choses ? demanda Sabbathai interloqué.

— L’esprit de mon père m’est apparu pendant trois nuits de suite. Il m’a fait défense de couper mes cheveux, parce que je dois être reine d’Israël et que tous ceux qui reconnaissent le vrai Dieu doivent me servir et se prosterner devant moi.

Sabbathai se tut pendant quelques instants, puis il dit :

— Tu as raison. Nous devons obéir à la volonté du Seigneur.

— Je souhaite que cela te soit aussi facile qu’à moi, répondit la belle Miriam.

Sabbathai soupira. Jusqu’à ce jour, il lui avait été facile de dominer ses sens ; mais l’homme commençait à s’éveiller en lui, le mâle dont la nature est de se sentir plus attirée par la froideur et