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SABBATHAI ZEWY

tait jusqu’au sabbat suivant sans prendre aucune nourriture ; ou bien encore, il se privait de dormir pendant six nuits consécutives qu’il passait au bord de la mer à prier et, à minuit, descendait dans les vagues et s’y baignait au péril de ses jours.

Jamais sa femme n’essaya de le tenter et d’exciter ses sens, elle eût cru faire un gros péché. Mais elle passa les jours et les nuits dans les larmes, jusqu’à ce que le cœur de Sabbathai s’en émût.

— Mon devoir est de me torturer, lui dit-il avec son inaltérable et céleste douceur, mais ce n’est point la volonté du Seigneur que d’autres souffrent par moi. Va-t-en en paix.

Il lui remit, comme à Sarah, sa lettre de congé, et la renvoya à sa mère. Et le peuple loua Sabbathai Zewy, qui prenait sur lui les péchés du monde.

Vers cette époque, Sabbathai commença d’enseigner en public. Il s’en allait, suivi de ses disciples, dans les champs et sur le rivage de la mer, comme l’avaient fait avant lui les philosophes grecs, Py-