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LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

elle descendit achever l’œuvre de vengeance.

Plus de quatre mille Dérewlans avaient été massacrés, quand elle parut dans la salle remplie de la vapeur chaude et de l’âcre odeur du sang. Les plus nobles parmi les boyards podoliens, avaient seuls été épargnés. C’étaient la plupart de ceux qui avaient pris part au meurtre d’Igor. Ils attendaient enchaînés, que l’on statuât sur leur sort.

Olga n’eût point satisfait l’âpre besoin de son amour ni les désirs de son peuple, en les faisant simplement mettre à mort. Digne fille de ces temps barbares, elle ne se lassa point d’inventer de nouvelles tortures et des supplices surhumains qu’elle faisait exécuter en sa présence.

Aux uns, elle fit couper les mains et les pieds, et puis scier la tête. Les autres furent cloués entre deux planches et, graduellement, étouffés. D’autres furent couchés sur le pavé de la cour, le visage à découvert, et la czarine, montée sur le cheval de son époux assassiné, passa sur leurs corps, belle et terrible comme la déesse de la vengeance, suivie par une escorte des plus jeunes et fougueux boyards, jusqu’à ce que la dernière victime eût expiré sous les sabots de leurs chevaux.