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L’AMOUR CRUEL

Elle était enveloppée d’une ample pelisse en hermine, qui descendait jusqu’à terre. Autour de ses cheveux s’enroulait un turban, couleur de sang.

— Agenouille-toi, fit la czarine d’un ton froid, et fais ton service.

Le prince gravit les marches et plia le genou devant sa femme, pour la déchausser. C’était, selon l’usage, la première et la dernière humiliation de l’homme devant la femme. À partir de ce moment, il était le maître.

Tandis qu’Olga posait son pied sur le genou du prince l’enveloppant d’un regard de menace et de pitié, il s’écriait avec toute l’exaltation de la jeunesse :

— Je te sers pour la première et dernière fois, ma souveraine, mais je suis ton esclave pour la vie.

— Oui, repartit Olga dont le visage s’assombrit, tu me sers pour la première et dernière fois. Mais tu es mon esclave et seras traité en conséquence. Arrière, impudent !

Et elle le poussa du pied, de toute la force dont elle était capable. Le coup fut si inattendu que le jeune homme roula au bas des marches. Il n’avait pas eu le temps de se relever qu’Olga, saisissant la