Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
L’AMOUR CRUEL

manda Olga. C’est étrange ! Peut-être que, honteux de leur insuccès, ils seront retournés chez eux.

— C’est ainsi que cela se sera passé, opina Mak.

Escortés de tous les habitants, les Dérewlans, au nombre de cinq mille, pénétrèrent dans la cité.

Le jour s’écoula en réjouissances de toutes sortes. Les chevaleresques boyards montrèrent leur adresse aux armes dans des luttes courtoises, des chanteurs aveugles accompagnèrent au son de la harpe, de vieux poèmes relatant les hauts faits des héros nationaux, et lorsque la nuit vint, les hommes se réunirent dans les vastes salles, jouant et buvant. Le jeune prince, qui ne quittait plus la czarine, assis sur des coussins soyeux, tenait sa froide main dans la sienne et lui parlait d’amour.

Le lendemain, eut lieu le mariage. Olga, pour la première fois, dépouilla ses robes de deuil et se para, aidée de ses femmes, comme jamais elle ne l’avait fait, même au jour de son mariage avec le czar Igor. Dans la cour, les boyards de Kiew attendaient la princesse, en compagnie des Podoliens, tandis que Mak, fiévreux d’impatience, se tenait dans l’antichambre. Lui aussi resplendissait dans la magnificence d’un souverain russe. Tout, sur