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L’AMOUR CRUEL

plus maître de lui, il descendit de cheval et se jeta à ses pieds.

— Que les dieux bénissent ton entrée en Podolie ! s’écria-t-il, accorde au premier de tes serviteurs la faveur de passer sur lui, en posant le pied sur ce sol.

— Relevez-vous, répondit Olga, ce n’est pas un esclave que je viens chercher, mais un seigneur et protecteur, un époux.

Elle lui tendit la main, sur laquelle il imprima ses lèvres brûlantes, et le releva.

— Tu es trop indulgente pour ton serviteur, s’écria le prince rayonnant de jeunesse et de beauté, en dévorant d’un regard d’adoration la gracieuse et majestueuse femme, dont le doux visage s’entourait de boucles d’or comme de serpents.

— La bonté ne serait pas encore de mise, reprit Olga d’un ton grave. Nous venons apaiser d’abord l’ombre sainte de mon époux.

Le prince pâlit sous le regard clair des grands yeux qui le pénétraient jusqu’au fond de son âme. Il baissa la tête, comme un pécheur qui demande son pardon, un criminel qui implore sa grâce.

— Nous sommes venus, poursuivit Olga, pleurer sur la tombe de notre maître et époux, ainsi qu’il