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LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

— Le sang du czar Igor crie vengeance contre vous, dit la czarine qui s’était levée, imposante et terrible. Le mort réclame son droit.

Elle fit creuser sur les bords du fleuve, une fosse géante. Des centaines de paysans y travaillèrent jour et nuit. Quand ils eurent fini, on y descendit le navire et les ambassadeurs, et on les ensevelit.

Après quoi, la czarine envoya deux boyards au prince des Dérewlans, lui porter son salut et ses remerciements. La czarine, disait le messager, considérait d’un œil favorable la demande en mariage du prince de Podolie ; mais son ambassade lui avait paru insuffisante. Elle le priait, en conséquence, de lui adresser les hommes les plus importants de ses États, ainsi que l’exigeait sa haute situation.

Les Dérewlans n’ayant pas le moindre soupçon du sort échu à leurs premiers envoyés, choisirent aussitôt les plus nobles parmi leurs boyards et les embarquèrent sur un vaisseau encore plus beau que le premier.

Olga les reçut en vêtements de deuil, mais avec un sourire qui leur sembla de bon augure. Puis, elle invita les Dérewlans à se mettre à leur aise et à dîner avec elle.