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LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

tilshommes à cheval, qui le reçurent à la frontière et l’escortèrent jusqu’à Iskoreskou, leur capitale, construite tout en bois, mais solidement fortifiée.

Au moment où, le pont-levis ayant été baissé, le cheval du czar y posa son sabot, l’animal d’ordinaire si brave et si soumis, se cabra, et son maître dut recourir à ses éperons, pour le faire avancer. Les hommes de la suite d’Igor y virent un mauvais présage, les Dérewlans échangèrent des regards de sournoise entente.

Le jour même de son arrivée, Igor rassembla tous les notables de la ville et fit connaître son intention de lever lui-même le tribut. Personne ne fit d’objection et le czar envoya ses cavaliers dans toutes les directions. Mais, comme ni les nobles ni les bourgeois, ni les paysans ne se décidaient à payer, les gens d’Igor s’emparèrent de force, chez les uns, des chevaux de race, chez les autres, des marchandises entassées dans les greniers, et prirent aux paysans, leurs bestiaux et leurs récoltes. Il en résulta, dans tous le pays, une sourde fermentation qui, bientôt, dégénéra en révolte. De toutes parts, éclatèrent des rixes entre les hommes de Kiew et les habitants de la contrée.