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PRÉFACE

maladif. Je ne le suis point. Mais puis-je te quitter sans un rayon d’espoir ? Sans un regard vers l’infini ?

« J’aurais tant encore à te dire pour me faire comprendre, car c’est la dernière fois. Mais tout est à toi : ma pensée, mes sentiments, les douces paroles d’amour qui désormais reposeront dans mon cœur, trésor que ta main seule pourrait lever. J’ai la force et le courage, mais je suis si sensible, beaucoup trop sensible pour un homme, et pour un tel renoncement.

« Tu ne peux pas, tu ne dois pas m’oublier, Léopold, oublier que tu m’appartiens, que tu es ma propriété. Mais, je t’en supplie, ne laisse pas la douleur de la séparation envahir et obscurcir ton âme si grande et magnifique, afin que je n’aie point souffert et lutté pour rien.

« C’est pour te conserver que je renonce.

« Et maintenant, que Dieu te garde ! Sois heureux. Tu le peux. N’as-tu pas Wanda ? tes enfants ?… Moi je suis seul… et pourtant douloureusement heureux de t’avoir trouvé, de te posséder et de l’espoir de jouir dans l’au delà, de ton amour.

« Si, parfois, tu te sens joyeux, et qu’une douce