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HEMELNIZKI LE COSAQUE

saque. Un jugement devait être rendu par les hommes les plus notables du pays, contre la tyrannie patricienne.

Douze jurés furent élus par le peuple, des vieillards connaissant la coutume. Les accusés se trouvaient à gauche, l’accusateur Hemelnizki, à droite, au milieu, les témoins leur faisant face.

Autour des barrières, se tenaient les Cosaques, soixante mille hommes environ, impatients d’entendre la sentence. Un mouvement incessant animait cette foule.

Le ciel s’était couvert, au moment où l’ancien prit la parole engageant Hemelnizki à formuler son accusation.

L’hetman parla simplement. Avec l’éloquence innée de sa race, il laissa la vérité se manifester d’elle-même. Et ce langage émut les cœurs et les consciences à tel point que des guerriers à cheveux blancs, qui avaient combattu à plus de vingt batailles et qui portaient autant de cicatrices, se mirent à pleurer.

Hemelnizki raconta sa vie de famille entre son fils et sa femme, son tranquille et paisible bonheur à Hemelin ; puis, le vol de sa terre, l’enlèvement et l’infidélité de Lidwine, le supplice infâmant in-