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L’AMOUR CRUEL

de crime et de droit. Ce n’est pas moi qui jugerai votre faute. Un tribunal régulier sera saisi de l’affaire ; il décidera entre vous et moi.

Sur l’ordre de l’hetman, les prisonniers furent enchaînés à sa tente.

Le lendemain, les bourgeois de Tschérin payèrent l’indemnité promise et Hemelnizki donna l’ordre du départ.

Selon l’usage cosaque, il fit attacher les prisonniers à la queue de son cheval et quitta le théâtre de sa juste vengeance, entouré de sa petite armée.

C’était un singulier cortège : les fringants chevaux de l’Ukraine caracolant et hennissant, la parure martiale des Cosaques et, au milieu d’eux, l’homme triste, assis sur une selle ordinaire et vêtu d’un caftan de paysan et, derrière lui, l’orgueilleux despote et la belle infidèle, en vêtements de velours ornés de fourrures, têtes nues, traînant leurs chaînes. C’est ainsi qu’Hemelnizki revint à Zamosk.

Son vaillant peuple l’acclama avec des cris de joie.

Il traversa le camp, silencieux et austère, et se retira sous sa tente.

Le lendemain, on choisit un emplacement pour le tribunal, qui siégeait à l’air libre « sous l’œil de Dieu », ainsi qu’il est dit dans le droit co-