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L’AMOUR CRUEL

votre joli visage ? fit en souriant le staroste. Que craignez-vous ? un prisonnier, qui attend, enchaîné, notre sentence ? Vous-même, ravissante Lidwine, allez décider de son sort.

— C’est impossible, balbutia-t-elle.

— Vous pouvez user du droit de grâce, si cela vous plaît, continua le staroste ; puis s’adressant au jeune homme : Jan Hemelnizki, dit-il, qui t’a poussé à pénétrer, comme un brigand, dans notre ville ?

— C’est toi, le brigand, riposta le prisonnier. Je n’ai eu recours aux armes que pour t’arracher l’objet de ton vol.

Le staroste eut un sourire de mépris.

— Tu aurais pu t’épargner cette peine. L’auguste dame que tu veux délivrer, ne réclame pas de toi ce chevaleresque service. Elle est à Tschérin, non prisonnière, mais maîtresse.

— Tu mens.

— Tu pourras t’en convaincre toi-même, c’est elle qui va prononcer ta sentence.

— Non, non, pas moi, cria Lidwine en laissant tomber son masque.

— Toi ici ! clama le jeune homme, et dans ce costume, aux côtés de ce gredin ? que signifie ?