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HEMELNIZKI LE COSAQUE

vez connaître Bogdan, au moins aussi bien que le monde le connaît. C’est un homme d’honneur, mais qui se dresse en notre temps, comme un épouvantail au milieu des corbeaux. On se rit de lui. Ce n’est pas de sa part que l’on peut s’attendre à une attaque à main armée. Oui, des plaintes, des répliques, des duplicatas, en un mot de l’encre et du papier, et puis encore du papier ; mais pas un coup de sabre !

— Non, non, ce n’est pas possible, s’écria la malheureuse femme.

— Cependant il y paraît. Le seigneur Bogdan est un homme de paroles et non d’actions.

— S’il ne me délivre pas, s’il ne fait rien pour me reconquérir par les armes, s’écria Lidwine surexcitée au plus haut point, c’est qu’il ne m’aime donc pas.

— Vous l’avez dit, ma belle suzeraine. Il ne vous aime pas. Et comment un homme aussi vieux, pourrait-il aimer ?

Lidwine devint pourpre.

— Mais, moi je vous aime, fit le staroste en manière de conclusion, et se laissant tomber aux pieds de sa prisonnière, il porta à ses lèvres le pan de sa pelisse. L’instant d’après, il avait disparu.