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L’AMOUR CRUEL

Son fils et sa femme ne partageaient pas cette confiance.

Le premier poussait à des voies de fait, tandis que Lidwine entretenait le projet de profiter de l’absence de son mari qui s’était rendu à la Cour, pour tenter d’obtenir, par voie de conciliation, ce qui lui semblait aussi irréalisable par les armes que par un jugement du tribunal.

Elle comptait plus sur sa jeunesse et sa beauté, que sur le sabre et le vaillant bras de son mari.

Le staroste, au lendemain d’une nuit d’orgie, se trouvait sur le balcon de son palais de pierre, enveloppé d’une longue pelisse de nuit et occupé à railler un juif qu’il avait fait mettre au pilori et que la foule s’amusait à frapper à coups de morceaux de lard et d’os de jambon, lorsqu’un traîneau, attelé de quatre chevaux de l’Ukraine, s’arrêta devant l’entrée. Lidwine rejeta la peau d’ours qui lui servait de couverture, descendit de traîneau et pénétra dans le palais.

Le staroste, sans même s’informer de son nom, donna aussitôt ordre de la recevoir.

Elle était vêtue d’une robe de soie pourpre, d’un kontouch de même nuance bordé de peau de