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HEMELNIZKI LE COSAQUE

pagnie de ses nobles amis, attablés à boire, tandis que dans la cave, ses gens étaient fort affairés autour d’un tonneau de vin de Hongrie et à peu près complètement ivres. Personne ne parut remarquer l’arrivée du propriétaire des lieux, ni songer à lui opposer de la résistance.

— Bonjour, messeigneurs, dit Hemelnizki en paraissant soudain au milieu des Polonais. Je vous salue, car, sans être mes invités, vous êtes néanmoins mes hôtes.

Bene dixisti ! s’écria le staroste. Qu’on lui verse un verre de vin. In vino veritas ! Et maintenant, il nous faut considérer que c’est toi notre hôte. Oui, oui, donnez-lui un verre de vin, un verre de son vin !

Le staroste, homme jeune encore, aux cheveux et à la barbe blond pâle et coupés courts, tapa du poing sur la table et éclata en un rire bruyant.

In vino veritas ! répéta Hemelnizki, en s’efforçant de sourire. Vous reconnaissez donc que ce vin est à moi, que cette maison et cette métairie sont mon bien. Je n’en demande pas davantage. Donc, une fois encore : soyez les bienvenus, mes hôtes !

— Je crois qu’il est ivre, fit le staroste en se