Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
HEMELNIZKI LE COSAQUE

une douloureuse grimace et en tirant à moitié les clés de sa poche.

— Pas un groschen.

— Donnerez-vous un thaler ?

— Tu n’y penses pas.

— Alors que donnerez-vous ? reprit le juif avec vivacité.

— Tu veux marchander avec moi ? J’ai dit que je ne donnerai pas un groschen. Je te l’ai dit et je m’y tiens. Tu me connais. Je ne fais pas l’usure avec mes paroles. Tu peux t’en aller.

Le juif haussa les épaules et sortit.

— Mon père, commença Jan qui, appuyé à la cheminée, avait gardé le silence, si tu permets, je partirai pour la guerre.

— Quelle guerre ?

— Celle contre les Tartares et les Turcs.

— Quelle folie as-tu en tête ? Tu veux jeter ton sang pour une patrie qui t’a vendu aux juifs ?

— Je n’aime pas les Polonais plus que toi…

— Un demi-thaler, cria tout à coup le juif, en montrant sa tête à travers l’entrebâillement de la porte.

— Pas un groschen ai-je dit, répliqua le Seigneur d’Hemelin, puis se tournant vers son fils : Alors, pourquoi veux-tu partir ?