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LA VÉNUS DE MURANY

core : voulez-vous passer à Racoczy ou mourir ?

— Mourir ! dit Wesseleny en posant sa tête sur le billot.

Il s’attendait à recevoir le coup mortel ; mais un bras tiède et moëlleux entoura son cou, tandis qu’une voix bien connue résonnait à son oreille :

— Tu vivras, noble héros, pour ta patrie et pour moi.

Wesseleny arracha le bandeau et vit devant lui, Marie, belle d’une beauté surnaturelle, vêtue, non plus du casque et du harnois, mais d’une robe nuptiale de soie blanche bordée d’hermine, sur ses tresses blondes un diadème chatoyant.

— Marie, ma bien-aimée ! balbutia-t-il enivré, passant, en un instant, des affres de la mort à la plus radieuse vie.

— Ta femme, corrigea-t-elle, ta femme, qui n’a jamais aimé que toi, et qui, disposant librement d’elle-même, te donne son cœur, sa main, sa fortune et son inexpugnable forteresse.

— Comment ai-je mérité cela de toi, la victorieuse ?

— Non, c’est toi le vainqueur, et elle l’enlaça d’une étreinte de feu. Une cause pour laquelle un homme tel que toi est prêt à sacrifier sa liberté,