Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
LA VÉNUS DE MURANY

lège envers une nation comme la nôtre que de recourir aux armes pour la moindre vétille ? Et ne serait-il pas temps de faire enfin la paix ? N’y a-t-il pas assez de sang répandu en guerres civiles ? Vous vous imaginez servir votre pays et votre foi ? Vous servez l’ambition aveugle de Racoczy qui, d’une part, se révolte contre son roi légitime et, de l’autre, courbe l’échine sous le talon du sultan, vous servez les Suédois qui, sous prétexte de protéger la foi évangélique…

— Arrêtez ! s’écria Marie. Je pourrais dire, avec plus de raison, à vous et au général Wesseleny, qu’ils servent le despotisme de l’Église et de l’Empereur, les prétentions du pape et les intrigues des Jésuites. Nous combattons pour la liberté des suffrages et de la foi, et tous ceux qui, pour ce combat, nous apportent leurs armes, sont les bienvenus. Vous en voulez aux Suédois et à Racoczy, parce que, sans eux, nous ne pourrions vous résister. Vous me faites penser à la fable du loup conseillant aux brebis de se défaire de leur chien, afin de pouvoir les dévorer tout à leur aise. Mais, assez sur ce sujet. Ce n’est pas nous qui avons troublé la paix, mais ceux qui ont osé porter atteinte à nos libertés. Je plains votre maître, le vaillant Wesseleny, de