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L’AMOUR CRUEL

— Le Turc, répondit Wesseleny.

— Vous avez raison, repartit la jeune femme. Son joug nous pèse lourdement à tous. Mais il n’est pas seul à combattre notre foi, notre liberté. Vous parlez d’opprimés ? C’est nous qui le sommes, nous, les défenseurs des antiques libertés de la Hongrie et de la foi évangélique. Notre plus dangereux oppresseur est à Vienne. C’est votre roi, votre empereur. Ce qui nous attend sous sa domination est cela même dont nous menace le Croissant : l’esclavage ! Or, nous préférons la mort à la servitude, et c’est pourquoi il ne peut être question d’alliance entre nous.

— Toujours les mêmes plaintes, les mêmes préjugés, reprit Wesseleny après une courte pause. Les ennemis de l’empereur, les Suédois et le prince de Siebenburgen vous exploitent à leur profit, à leur avantage. Dieu sait, en tous cas, que ce n’est pas pour celui de notre malheureux pays ! Notre antique Constitution ne nous offre-t-elle pas un abri contre les empiètements éventuels d’un souverain ? Notre Parlement ne nous donne-t-il pas le moyen pacifique et légal d’aplanir les difficultés et de régler les différends entre particuliers, comme avec la couronne ? N’est-ce pas un sacri-