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LA VÉNUS DE MURANY

— N’ayez point trop de confiance. Marie est désirable. Ce n’est plus la jeune fille d’autrefois, c’est une femme impérieuse et rusée que vous avez en face de vous. Ce n’est pas pour rien que le peuple la nomme « la Vénus de Murany ! » Soyez donc sur vos gardes, Wesseleny. Murany, à ce que disent nos éclaireurs, est défendu non seulement par Marie et ses gens, mais encore par des troupes de Racoczy, sous les ordres de son beau-frère Illehazy, et largement approvisionné de vivres et de munitions. Faites donc attention. Souvenez-vous de Nicolas Salm, le héros fameux qui vainquit Zalpaya et sauva Vienne il y a cent ans, et qui, vainement, assiégea Murany, perdant devant l’inexpugnable citadelle les bénéfices de ses heureuses campagnes. De la prudence, mon ami ! et maintenant, en avant, au nom de Dieu !

Les deux vaillants, une fois encore, se secouèrent les mains, les trompettes de Wesseleny retentirent dans le camp, et le guerrier, à la tête de ses troupes, marcha sur Murany, la forteresse irréductible et l’irréductible femme.

Après avoir complètement investi la place, Wesseleny, selon l’usage, envoya son aide-de-camp, Nicolas Benjo, pour sommer la ville de se rendre.