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MARGUERITE LAMBRUN

tu vives, car je te veux léguer mes derniers désirs et tu défendras mon souvenir quand je ne serai plus.

— Laisse-moi entrer, supplia de nouveau le jeune homme. Rien qu’une petite heure à tes côtés, non dans tes bras, à tes pieds !

— Non, Trafford, va-t-en, au nom de ton amour !

— Je ne m’en vais pas.

— Eh bien, reste. Mais tu n’auras plus une parole de moi.

— Eh bien, cria Trafford, si je ne puis me jeter à tes pieds, je m’étendrai sur ton seuil, jusqu’au matin. Ton pied, en le passant, réveillera ton esclave.

L’inconnue se taisant, Trafford s’enveloppa de son manteau et se coucha devant la porte, avec l’intention d’y passer la nuit.

Mais un quart d’heure ne s’était pas écoulé, qu’il entendit des pas qui se rapprochaient. Un soupçon affreux, tel que la jalousie en fait naître constamment dans les cœurs amoureux, lui tenailla le cœur. Il se leva sans bruit et se retira dans l’embrasure de la fenêtre faisant face à la porte de Sparte, devant laquelle les pas s’arrêtèrent.