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L’ENNEMI DES FEMMES

Pourtant il trouvait dans son instinct, dans l’exhortation de son honnête et saine nature, un contre-poids aux chimères qui l’assiégeaient. S’il avait le cœur gros toutes les fois que l’éloge de Nadège s’échappait de la jolie bouche de Petrowna, il se disait aussi qu’il était impossible à une créature parfaite comme cette jeune fille, si vivante, si épanouie, de devenir sans combat une des vestales du journal la Vérité, quand le bonheur et l’amour la sollicitaient.

La jeunesse qui brûlait ses veines lutterait contre les subtilités de son imagination.

Il vécut pendant quelques semaines dans une agitation que Petrowna attribuait aux mauvais conseils de Diogène, et qu’elle augmentait elle-même, sans s’en douter, par sa douceur, en paraissant ne pas vouloir s’en offusquer.

Ce malentendu ravissait le philosophe. À travers l’amour de Constantin, il voulut atteindre son ennemie, cette Nadège Ossokhine. Elle le gênait, elle l’irritait, elle le provoquait, en semblant l’ignorer.

Il eut un jour l’idée, uniquement pour la combattre, de donner une organisation, en quelque sorte franc-maçonnique, à cette société d’ennemis des femmes dont il était l’inspirateur et le chef.

Il se souvint de la République secrète, fondée au XVIe, dans un but analogue, par Stanislas Pschouka, sous le règne du roi Sigismond Auguste, et que, du nom du village de Babine qui lui ap-