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L’ENNEMI DES FEMMES

— Et si vous étiez trompée ?

— Ce serait la même chose. Peut-être tuerais-je celui qui m’aurait trahie.

La jeune fille sauvage, soi-disant méchante, reparaissait dans ces paroles. Ses yeux jetaient des éclairs ; sa bouche avait des plis de menace.

M. Constantin est un homme d’honneur, reprit madame Ossokhine.

— Oui, mais il a de mauvaises connaissances.

— Comment ! mignonne, vous savez cela ? dit Nadège en riant.

— Sans doute, répliqua Petrowna avec simplicité. J’ai appris par M. Barlet, un de nos vieux amis, que M. Constantin est l’ami de M. Diogène Kamenovitch.

— Ah ! dit Nadège devenue sérieuse.

— Vous savez, reprit Petrowna, ce que c’est que cet homme ?

— Je crois le savoir.

— C’est l’ennemi des femmes ; il a formé, dit-on, une société abominable dans laquelle on jure d’empêcher ou d’empoisonner le mariage. Toutes les femmes de la ville sont très alarmées de l’influence de M. Diogène sur les jeunes gens. J’aimerais mieux vieillir, mourir fille, que de fournir à M. Constantin l’occasion d’appliquer les maximes de son ami. Dites-moi, madame, vous en qui j’ai toute confiance, ce que je dois faire.

— Il faut avant tout vous calmer, dit Nadège en mettant un baiser sur le front de Petrowna. Il faut