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MAGASSE LE WATACHEKO.

hermétiquement fermés. Tout resta calme d’abord ; puis une voix sourde et enrouée demanda :

« Est-ce toi ?

— Assurément. »

Le contrevent s’écarta. Un visage bruni et hâve parut à l’ouverture. Deux grands yeux gris s’arrêtèrent froidement sur l’ecclésiastique.

« Qu’as-tu à me demander ?

— Un bon conseil.

— Un bon conseil coûte cher.

— Je te payerai bien. Laisse-moi entrer !

— Tourne le rocher, — le jeune homme fit un mouvement ; — pas là, à gauche. Attends, je vais à ta rencontre. »

La widma parut en effet sur la crête dentelée de la gorge, lui tendit sa main osseuse pour l’aider à la gravir, et lui montra l’entrée de sa hutte. Le père Antoni dut se baisser pour y pénétrer et en passa prudemment le seuil. Il se trouva dans un grand réduit carré, avec un plafond bas qui possédait, outre la porte par laquelle il était arrivé, deux fenêtres au midi, et une seconde sortie. Un escalier et une espèce de trappe conduisaient dans une pièce supérieure, sous le toit, que traversaient de grosses solives. Le prêtre inspecta la chambre avec une attention pleine d’angoisse. Vis-à-vis de la porte s’élevait un grand poêle vert autour duquel courait un banc large et noirci. Dans un coin, un lit d’une propreté exquise, dissimulé par une toile grossière, un bahut ancien où étaient peintes de grosses fleurs bariolées, et une armoire style byzantin slave.

Sur le foyer pétillait un feu clair dont la fumée s’échappait par une lucarne pratiquée dans le toit. Les murs étaient tapissés, par places, de gravures grecques