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À KOLOMEA.

— Mais, monsieur, honoré…

— À la porte ! commanda madame Céline en se tournant vers le vieux Cosaque.

— Viens, compère ! dit celui-ci poussant le rebelle du côté de la sortie.

— Mais… les chevaux !

— Tu veux goûter du banc ? »

Kwitka fut à peine dehors, qu’un nouveau vacarme éclata dans la cour.

« Qu’est-ce donc encore ? cria la baronne. Vous voyez, il n’y a pas moyen d’avoir du repos.

— Je vous en prie… c’est très-intéressant… objecta le jeune abbé.

— Pardon… mais… nous ignorons encore le nom de monsieur, fit remarquer madame Céline.

— Le père Antoni Wotolski, répondit ce dernier en rougissant.

— Quel bruit ! Entendez-vous ? Il faut que j’y aille. »

La baronne ouvrit précipitamment une fenêtre. Dans la cour, un domestique tenait par le collet un paysan à cheveux gris, au visage livide et contracté. Le vieillard se débattait, cherchait à se dégager et criait à l’injustice.

« Que se passe-t-il ? » demanda la baronne de la fenêtre.

Le Cosaque, Lukasch et plusieurs autres accoururent.

« Un voleur ! cria le domestique qui retenait le paysan.

— Qui est-ce ?

— Prehora, de Labje. Il vient de voler dix gerbes de froment.

— Tu en as menti, coquin ! vociféra l’accusé.