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épilogue.

circonstances actuelles, me désintéresser aux choses du pays.

« En attendant la grande joie de vous revoir, je vous serre la main dans les deux miennes bien cordialement et par anticipation. »

Ce cher ami m’a tenu parole ; il est arrivé aux Canaries vers le milieu d’octobre de l’année passée : il s’arrêta d’abord à Las Palmas de Canaria et ensuite à Lancerotte, d’où il m’écrivit une charmante petite lettre pour m’annoncer sa prochaine apparition à Sainte-Croix :

« … J’ai voulu, me disait-il, visiter quelques parties de cette île bouleversée de fond en comble par les ravages des volcans ; j’ai gravi les pentes escarpées de la montagne del Fuego jusqu’au cratère ou solfatare qui brûle encore, et j’ai fait cette ascension comme à vingt ans. Dans quelques jours je serai auprès de vous. Tibi ex imo. »

En effet, nous nous sommes revus ; ce bonheur, cette grande joie, comme il l’avait dit lui même, était réservé à mes vieux jours. J’ai pu serrer avec lui sa main dans les deux miennes, embrasser encore une fois cet ami si sympathique, malgré notre différence d’âge, car j’ai maintenant plus de 84 ans et Grasset dépasse à