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de voyage.

ral ; leurs cheveux et leurs yeux sont admirables. Je parle des jeunes filles, car les vieilles femmes sont tout aussi laides que chez nous. Pourquoi donc des filles aussi gracieuses font-elles de vieilles si rechignées ? — Ces charmantes Chiliennes divisent leurs beaux cheveux en deux nattes à la manière des bergères suisses du bal de l’opéra ; elles portent des robes beaucoup plus décolletées qu’en France ; mais pour cacher ces charmes, la pudeur a inventé le Sobretodo, espèce de châle dans lequel elles se drapent avec beaucoup de grâce comme les hommes dans leur poncho. Leur coquetterie les rend encore plus séduisantes avec la mantille espagnole, la plus gentille et la plus poétique coiffure du monde. — J’ai connu à Valparaiso une jeune fille, presque une enfant, nommée Carmen, qui était ravissante. Aussi :

 « Vrai Dieu ! lorsque son œil pétille
  Sous la frange de ses réseaux,
  Rien que pour toucher sa mantille…
  De par tous les Saints de Castille,
  On se ferait rompre les os. »

12 septembre.
En mer.

Pour chasser les ennuis d’une longue navigation, notre voyageur se laisse aller tantôt à ses souvenirs, tantôt aux impressions du moment. Je trouve dans son Journal des réminiscences d’une jeunesse orageuse, retracée avec abandon ; mais je ne violerai pas le secret de ces confidence intimes. On sait ce que c’est qu’un jeune étudiant livré