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mer et près d’un mois de mauvais temps, sans pouvoir sortir de cette chambre où vingt-cinq personnes mangent, dorment et pis encore…

28 juillet.
Toujours en mer.

« Valparaiso ! Valparaiso ! Quand viendras-tu avec ta belle végétation et tes femmes si gracieuses, dit-on ?

2 septembre.
Arrivée à Valparaiso.

« Valparaiso s’est montré enfin : sa belle végétation se réduit à quelques broussailles d’un triste aspect ; le paysage est aride et desséché, la ville est peu de choses, le costume de la population est ce qu’il y a de plus caractéristique.

« L’habillement des hommes consiste en une espèce de couverture bariolée avec un trou dans le milieu pour passer la tête. C’est le Ponchon ; l’étoffe en est tissée ordinairement avec la laine d’alpaga ou de guanaco. Il y en a de très riches et par conséquent de très chers. Ils se drapent là dedans comme des hidalgos et se couvrent la tête avec de grands chapeaux de paille dits de Panama, fabriqués à Guayaquil. Je n’ai jamais rien vu de plus fin, c’est comme un tissue de belle toile et on les lave comme des gants. Ces Chiliens portent en dessous du Poncho de larges pantalons serrés à la taille par une ceinture de cuir ; ils sont presque toujours à cheval et font des prodiges d’adresse. Leurs éperons ont des molettes qui sont parfois du diamètre d’une petit assiette ; aussi sont-il obligés de marcher sur la pointe des pieds.

« Les femmes sont fort piquantes, petites, mais gracieuses, cambrées et bien faites en géné-