Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


est vrai que ceux qui ont vu cette belle beauté prunier[1], ont peine à se persuader qu’elle vienne directement du troisième ciel ; je pense qu’on auroit plus de peine que jamais à se l’imaginer. On dit que les visites ne se font plus que pour l’amour de Dieu ; c’est le contraire du temps passé. Il vouloit causer avec vous, ce pauvre garçon ; mais il est si abattu aujourd’hui qu’à peine peut-il parler.


856. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 25e septembre.

Vous[2] ne songez, ma chère fille, qu’à m’ôter mes craintes sur l’état de votre santé ; je crois même que vous vous cachez à Montgobert : je reçois tous ces ménagements comme des marques de votre amitié ; mais la mienne n’en est guère moins agitée ; et ce qui augmente l’empressement que j’ai de vous voir, c’est pour ne point penser en aveugle sur des vérités qui me sont si sensibles.

  1. 18. Mme de Sévigné fait sans doute allusion ici au vieux conte de cet homme qui refusait d’honorer un crucifix fait avec le bois de son prunier, et à l’épître que la Fontaine adressa, en 1680, à Mme de Fontanges, et qui commence par ce vers :

    Charmant objet, digne présent des cieux.

    — « Cette épître à Mme de Fontanges paraît n’avoir été imprimée, dit Walckenaer, qu’après la mort de la Fontaine ; mais elle circula beaucoup dans le temps, » et avec elle probablement quelques autres pièces rangées par Walckenaer sous les dates de 1679 et de 1680.

  2. Lettre 856. — 1. Les deux premières phrases de la lettre manquent dans le texte de 1737, qui commence à : « On me mande que le chevalier, etc. »