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fait assez bien d’aller avec lui[1] ç’a été mon avis[2] sachant toutes les couleuvres qu’il avale à Paris : je crois qu’il n’en rompra pas le voyage de Grignan[3]. Nous approuvons fort votre préparation pour cette bénédiction de la Flandre[4] ; elle est bien meilleure que celle des bons prêtres de ce pays, à qui l’on répond toujours, quand on leur entend dire : Domine, non sum dignus, comme vous fîtes si à propos aux Filles bleues : «  Ah ! qu’il a raison ! » Je m’en souviens comme de la plus plaisante chose du monde.

Adieu, ma très-chère enfant : soyez persuadée que je vous aime avec une tendresse et une inclination si naturelle, que je ne suis pas plus moi-même que ces sentiments sont transformés en moi. Je ne trouve pas cette période bien nette, mais elle est assez vraie.


855. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce dimanche 22e septembre.

Vous êtes si philosophe, ma très-chère enfant, qu’il n’y a pas moyen de se réjouir avec vous : vous anticipez sur nos espérances ; et vous passez par-dessus la possession de ce qu’on desire, pour y voir la séparation : il

  1. 22. Coulanges avait déjà entrevu Rome dans sa première jeunesse, en 1658 ; mais il n’y retourna qu’en 1689 avec le duc de Chaulnes : voyez ses Mémoires, p. 61, et le commencement de la lettre du 13 octobre suivant, p.105.
  2. 23. « J’ai été de cet avis. » (Édition de 1754)
  3. 24. Toute la suite de l’alinéa, à partir d’ici, est donnée pour la première fois dans l’impression de 1754.
  4. Voyez la lettre du 1er septembre précédent, p. 47.